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Habitudes alimentaires: pourquoi il est parfois difficile d'en changer

Dans mes précédents articles, j’ai souvent fait référence à l’alimentation comme l’un des piliers d’une bonne hygiène de vie.

En effet, si manger revêt très souvent une notion de plaisir, en particulier en France, notre alimentation constitue un facteur à la fois de risque et de protection de nombreuses maladies.

Or, notre rapport à la nourriture est complexe et suscite nombre de questions et prises de position.

Nos choix alimentaires

Il existe une multitude de facteurs qui influence nos choix alimentaires et notre comportement à l’égard de la nourriture.

En premier lieu, les traditions nationales, régionales ou locales jouent un rôle prépondérant dans la formulation du goût et des préférences alimentaires et, bien que les cultures culinaires soient remises en cause par l’effet de la mondialisation, il est indiscutable que les plats et les ingrédients divergent d’un pays à l’autre.


Les habitudes familiales sont également déterminantes. On peut y adhérer ou, au contraire, s'en détourner. Pour ma part, avec une maman qui enseignait la gymnastique au sein d'une association, j'ai été très tôt sensibilisée aux questions de diététique et à l'importance de l'activité physique.


Puis, on pourra citer:

  • Les valeurs culturelles ou croyances religieuses ;

  • La disponibilité et le prix des aliments ;

  • Les émotions ;

  • Le positionnement éthique, moral, voire politique ;

  • L’image corporelle ;

  • La santé.


L’alimentation : un enjeu majeur vis-à-vis de la santé

Si l’alimentation a longtemps contribué à une augmentation de notre espérance de vie, aujourd’hui, à l’inverse, les maladies de l’abondance sont en croissance considérable dans les pays industrialisés :

Obésité

Diabète de type 2


Notre alimentation est également à l’origine de nombreuses affections, tel que cela ressort de plusieurs rapports d’expertises, notamment le rapport de l’INCa publié en juin 2015, et celui publié en novembre 2016 par l’ANSES :


Maladies cardio-vasculaires

Cancer colorectal, cancer du sein, cancer de la prostate

Ostéoporose

Déclin cognitif, démence et maladie d’Alzheimer


Le Programme National Nutrition Santé (PNNS)


C’est dans ce cadre, suivant les recommandations de tels rapports d’expertise, que le Ministère de la Santé a lancé, en 2001, le Programme national nutrition santé (PNNS).


Ce plan de santé publique vise à améliorer l’état de santé de la population française grâce à l’alimentation et à l’activité physique, en émettant des recommandations alimentaires ayant pour objectif d’aider les personnes à faire de meilleurs choix alimentaires. Elles sont complétées par des recommandations visant à adopter un mode de vie plus actif.


Notions en constante évolution, les recommandations alimentaires du PNNS ont été actualisées en 2019 par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), le HCSP (Haut Conseil de la santé publique) et Santé publique France, afin de prendre en compte l’évolution des données scientifiques des dix dernières années, ainsi que l’impact de l’alimentation sur l’environnement, tout en restant relativement proche des habitudes alimentaires actuelles afin de faciliter leur adoption.


Ainsi, les recommandations intègrent, dorénavant la dimension environnementale de l’alimentation en conseillant de privilégier les aliments d’origine végétale plutôt qu’animale, les aliments des producteurs locaux, les aliments de saison, et si possible les aliments bio.


Les nouvelles recommandations alimentaires pour les adultes


L’intégralité du rapport est disponible ici.


Pas envie de tout lire ? Voici un résumé de ces nouvelles recommandations alimentaires publiées en 2019 :


1. Augmenter la consommation d’aliments d’origine végétale riches en fibres : fruits et légumes, légumes secs et féculents complets :

  • Au moins 5 fruits et légumes par jour (par exemple 3 portions de légumes et 2 fruits) qui apportent des antioxydants, des vitamines et des minéraux ;

  • Au moins un féculent complet par jour : pain complet, pâtes, semoule et riz complets ;

  • Des légumes secs au moins 2 fois par semaine : lentilles, haricots secs, pois chiches, etc;

  • Consommer de préférence des produits locaux, de saison et si possible bio.


2. Privilégier la consommation d’aliments riches en acide alpha-linolénique (ou oméga 3), ainsi que l’huile d’olive. Les omega 3 participent à la bonne santé cardiovasculaire, de la rétine, du cerveau et du système nerveux.

  • Privilégier les huiles riches en oméga 3 (colza, noix) et l’huile d’olive ;

  • Consommer du poisson deux fois par semaine dont un poisson gras car riche en oméga 3 (sardine, maquereau, hareng, saumon, etc.) ;

  • Consommer une petite poignée de fruits à coque non salés par jour (noix, noisettes, amandes, pistaches) dont la teneur en acides gras polyinsaturés est élevée (notamment en oméga 3 dans les noix).


3. Réduire la consommation de viande et de charcuterie :

  • Privilégier la volaille et limiter la viande (porc, bœuf, veau, mouton, agneau et abats) à 500 g par semaine (soit environ 3 à 4 steaks) ;

  • Limiter la consommation de charcuterie à 150 g par semaine (soit environ 3 tranches de jambon blanc) ;

  • Alterner dans la semaine la viande, la volaille, le poisson, les œufs et les légumes secs.


4. Réduire la consommation d’aliments gras, sucrés, salés et ultra-transformés Ils sont souvent de densité énergétique élevée et de faible qualité nutritionnelle.

Limiter la consommation de céréales du petit-déjeuner sucrées, les gâteaux, le chocolat, les crèmes dessert, les glaces, les biscuits apéritifs, la charcuterie et certains plats préparés du commerce. Quand c’est possible, privilégier le fait maison en utilisant des produits frais, des aliments en conserve ou surgelés peu transformés.


5. Réduire la consommation de boissons sucrées et de boissons alcoolisées On entend par boissons sucrées : les jus de fruits, les boissons aux fruits, les sirops, les eaux aromatisées, les sodas même « light » et les boissons dites « énergisantes ».

  • Les boissons sucrées doivent être limitées le plus possible sans être substituées par des boissons édulcorées ; dans tous les cas, pas plus d’un verre par jour et privilégier les jus de fruits pressés ;

  • Maximum 2 verres d’alcool par jour et pas tous les jours ;

  • L’eau est la seule boisson recommandée, elle peut également être apportée par le thé, le café (sans excès) et des infusions non sucrées.


6. Limiter la consommation de sel et de produits salés. Le sel consommé provient surtout des produits transformés : charcuterie, plats préparés du commerce, soupes déshydratées, fromage, pain, etc. Réduire la quantité de sel en cuisinant et ne pas resaler à table.


7. Une consommation suffisante mais limitée de produits laitiers : 2 produits laitiers par jour (par exemple un yaourt nature et un morceau de fromage). Les fruits à coque, les légumes secs et les légumes peuvent également contribuer aux apports en calcium.


Ces recommandations constituent les bases de l’éducation nutritionnelle. Il appartient à chacun, au quotidien, de trouver une façon d’avoir une alimentation plus équilibrée et variée, en fonction de son mode de vie.


Des objectifs mis à mal par les disparités socio-économiques


Néanmoins, il apparaît que, malgré les actions menées dans le cadre du PNNS, les comportements alimentaires de la population française ont peu évolué entre 2006 et 2015.


Selon l’étude Esteban, seulement 42 % des adultes et 23% des enfants consomment au moins cinq fruits et légumes par jour, avec toujours trop d’apports en acides gras saturés, en sucre et en sel, et des apports insuffisants en fibres.


Par ailleurs, et bien qu’il faille se garder d’opposer les classes sociales en matière d’alimentation car, comme on l’a vu plus haut, les facteurs de choix alimentaires sont multiples, l’étude INCA 3 publiée en juillet 2017, met en évidence le lien entre faible revenu et consommation d’une alimentation de moindre qualité nutritionnelle, avec plus de produits sucrés et moins de fruits, de légumes et de poissons. Il apparaît, en outre, que les recommandations alimentaires sont plus suivies par les personnes ayant un niveau d’étude supérieur.


Le rôle du réflexologue


Les professionnels de santé, médecin généraliste notamment, demeurent les premiers éducateurs en matière de nutrition.


Il est néanmoins important pour le réflexologue, dans son rôle d’accompagnant qui aborde l’individu dans sa globalité, de promouvoir les bonnes pratiques à suivre pour garder ou adopter une bonne hygiène de vie.


Bibliographie


Rozin P, Fischler C, Imada S, Sarubin A, Wrzesniewski A., 1999, « Attitudes to food and the role of food in life in the U.S.A., Japan, Flemish Belgium and France: Possible implications for the diet–health debate», Appetite, 33, pp.163-180.


Fischler C., Masson E., 2008, Manger. Français, Européens et Américains face à l’alimentation, Paris, Odile Jacob.


Rapport d’expertise collective, Saisine 2012-SA-0103 – « PNNS : Relations aliments – santé », Anses, novembre 2016


Nutrition et prévention primaire des cancers : actualisation des données, collection État des lieux et des connaissances, INCa, juin 2015


Régnier F., Masullo A., 2009, « Obésité, goûts et consommation. Intégration des normes d’alimentation et appartenance sociale », Revue française de Sociologie, 50, 4, pp. 747-773.



Liens utiles


Manger Bouger – Programme national nutrition santé


Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

Santé Publique France


Institut National du Cancer (INCa)


Crédit photo: LanaSweet

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